mercredi 31 décembre 2008

Eric

Si “le cinéma organise la succession des images selon un scénario accréditant la forme d’un récit” (1) la vidéo semble en être orpheline, du moins existe sans solliciter le récit (2) Son déroulement s’effectue autrement, sans références littéraires ou romanesques. L’intention se trouve ailleurs en deçà d’un scénario. Elle peut se contenter d’être un mode opératoire sans préméditation, une vidéo surveillance sans cadre, juste un champ optique développé en plan fixe ou surmenage visuel. Elle peut tourner indéfiniment, en boucle, existant plus dans son dénuement que par un travail de lumière, de montage et de qualités cinématographiques. Un film sur pellicule est physiquement toujours fini, il est dans un autre temps, au contraire du support numérique qui habite le présent, jamais achevé, toujours à refaire, à modifier, qui sollicite l’intervention et s’épuise en renaissant sans cesse. Ce commencement répété neutralise le mouvement, percute le temps, anéanti le début et la fin d’une narration possible. 
“Eric” est dans une représentation liquide, une voix noyée, en attente de (re)naissance. il semble éloigné de sa peau, sans adhésion à un quelconque écran et flotte dans une vague anatomie. En l’excluant la communauté se vide de l’image d’Eric, il reprend ce qu’il n’a plus mais ne laissera pas un simulacre sécurisé de nos choix politiques.
P.R.


1.“Du monde et du mouvement des images” 
Jean Louis Schefer.

2. Excepté bien sur les débuts du cinéma avec “Arrivée d’un train en gare le Ciotat” ou “la sortie des usines Lumières à Lyon”

“Eric” est à l’origine un reportage vidéo : “Le soleil se lève aussi” réalisé et diffusé 
par mynicetv dont nous avons utilisés des extraits audio, et que nous remercions.


"Eric" Vidéo couleur 6,05 mn ©combesrenaud2008

lundi 29 décembre 2008

L'excès d'images ?

Si l’horreur est banalisée, ce n’est pas par ce que nous en voyons trop d’images. Nous ne voyons pas trop de corps souffrants sur l’écran. Mais nous voyons trop de corps sans nom, trop de corps incapables de nous renvoyer le regard que nous leur adressons, de corps qui sont objet de parole sans avoir eux-mêmes la parole. Le système de l’information ne fonctionne pas par l’excès des images, il fonctionne en sélectionnant les êtres parlants et raisonnants, capables de “décrypter” le flot de l’information qui concerne les multitudes anonymes. La politique propre à ces images consiste à nous enseigner que n’importe qui n’est pas capable de voir et de parler.

“Le spectateur émancipé”. Jacques Rancière. La fabrique éditions

samedi 13 décembre 2008

Pornographie

La photographie pornographique a bousculé les distances de représentation aux corps. Elle a quitté le corps alangui, romantique dans un décorum petit bourgeois, pour s’approcher, s’approcher encore et en corps, effleurer, pénétrer. Comme le capital financier, la pornographie annule l’éloignement, il n’y a plus de posture offerte, il s’agit de fouiller les corps afin d’extorquer ce qu’ils peuvent encore produire, ce qui est exploitable, même de pauvres images. Coïncidence (?) de son développement avec l’ imagerie médicale, qui nous transporte de l’extérieur à l’intérieur en passant à travers. Et cela en négatif. De l’image radiographique, à l’échographie tout le monde sait interpréter un négatif. Le négatif, image première, du corps scruté, examiné. Saint Suaire technologique.



jeudi 11 décembre 2008

The Waves Interactive installation Thierry Kuntzel

The effect may take its own sweet time but it is gripping. Viewers, facing a screen on which a wave is shown surging forward and breaking, enter a corridor and walk towards the image, irresistibly drawn towards the swelling sea. Yet the closer they approach, the clearer it becomes that their own movement affects both the speed of the wave and the volume of the sound for the swell slows until it freezes into a black-and-white image while the sound fades to silence. Backing away, viewers then create the opposite effect.

Thierry Kuntzel, The Waves, 2003

The change is gradual and follows the pace set by the viewers’ stride, and this merging generates a certain fascination tinged with joy before a wave that is about to wash over us but which we control. The device also gives rise to a feeling of anxiety, the kind we get in a nightmare. Slowing down the image, far from reassuring us, paradoxically creates an effect of powerlessness.

The paradox in this case articulates a certain relationship to knowledge and probably to the other in terms of desire and temptation. In a marvelously poetic and effective way, it puts in play that attraction sparked by knowledge that is elusive, ungraspable, fleeting.
 
The Waves est sur le site: http://www.fascineshion.com/thierrykuntzel.html