dimanche 26 décembre 2010

« Interstices - solution de continuité » à l'ENSBA

A l'invitation de l'ENSBA I Paris et de la Vidéothèque 
projection de la vidéo  « Interstices  - solution de continuité »
le mardi 18 janvier 2011 à 17 h, dans le cadre de   
« la Vidéothèque, invitée de l'ENSBA I Paris »  
Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts.

Projection de 8 œuvres vidéos en présence des artistes,
Programme : la Vidéothèque et l'ENSBA

«Interstices - solution de continuité» 

«The story is built around two sites. A hotel room, and the stage of a theatre, where, through visual transpositions in the two places, time set in images produces impressions, interstices in films that accompany the thoughts of a playwright and a narrative».
Combes&Renaud 

Filmmakers Combes&Renaud
Text Pierre Oudart, extracts Diégèse 2006
Vidéo 4/3, running time 14’10, black & white,
sound stereo
Strom Varx, V.F. english subtitled, 2009
 Photogramme Interstices -  solution de continuité 2009 ©combesrenaud 
Thanks to Pierre Oudart, who wrote the texts, 
extracts Diégèse 2006, 
and to Strom Varx who made the sound track.


Paris-art.comhttp://www.paris-art.com/evenement-culturel/la-videotheque-invitee-de-l-ensba/bahri-ismail-bourget-laetitia/2847.html

dimanche 19 décembre 2010

La folie Eisenstein

"Contrairement à Brecht, Eisenstein ne s’est jamais soucié d’instruire, d’apprendre à voir et à mettre à distance. Tout ce dont Brecht prétendait purger la représentation théâtrale – identification, fascination, absorption -, il a voulu, au contraire, en capter et en majorer la puissance. Il n’a pas mis le jeune art cinématographique au service du communisme. Il a bien plutôt mis le communisme à l’épreuve du cinéma, à l’épreuve de l’idée de l’art et de la modernité dont le cinéma était pour lui l’incarnation, celle d’une langue de l’idée devenue langue de la sensation. Un art communiste n’était pas pour lui un art critique, visant à une prise de conscience. Il était un art extatique, transformant directement les connexions d’idées en chaînes d’images, pour instaurer un nouveau système de sensibilité.

C’est là qu’est le fond du problème. Nous n’en voulons pas à Eisenstein des idéaux qu’il voulait nous faire partager. Nous lui en voulons parce qu’il prend à revers notre prétendue modernité. Il nous rappelle cette idée de la modernité artistique à laquelle le cinéma, un temps, crut pouvoir identifier sa technique : l’art anti-représentatif qui allait substituer aux histoires et aux personnages d’antan la langue des idées/sensations et la communication directe des affects. La jupe amoureusement arrachée de Marfa ne nous renvoie pas seulement à un siècle d’illusions révolutionnaires passées par le fond. Elle nous demande aussi en quel siècle nous vivons nous-mêmes, pour prendre, avec notre Deleuze dans la poche, tant de plaisir aux amours sur un vaisseau qui sombre d’une jeune fille de première classe avec un jeune homme de troisième classe".
« la fable cinématographique » Jacques Rancière.

samedi 27 novembre 2010

La Vidéothèque s’expose

Fondée par Chloé Dragna « La Vidéothèque » a présenté ce dernier week-end plus de trente œuvres vidéos, témoignage de l’extraordinaire vitalité qui parcourt ce domaine. Par nature ce type d’exposition permet de faire apparaître les tendances dans ce médium. Une tendance « photographique » avec l’animation d’images fixes, du sténopé aux photogrammes. Une « cinématographique » proche parfois de la fiction ou « documentaire » tout en questionnant le support film, ses altérations, ses origines et dont le support numérique favorisent des interventions plus ou moins complexes. Enfin l’image numérique avec sa temporalité, vidéo en temps réel, spécificités du montage, travail sonore qui tisse une continuité dans des fragments d’images. « L’image vidéo a su, elle aussi, se faire le lieu d’une hétérogenèse, d’une tension entre divers régimes d’expression ». (1) Au de-là de l’intérêt vers chaque œuvre sélectionnée, il se dégage de l’ensemble un regard qui évite l’éclectisme pour se positionner en véritable trame sur les mouvements qui traversent la vidéo, une fluidité revendiquée à l’intérieur des œuvres se déploie vers d’autres possibilités, d’autres formes. Le désarroi institutionnel et, marchand face à ce bouillonnement artistique, n’est pas seulement imputable aux lois du marché mais à la particularité du médium, sa façon d’être conçu et approprié par les artistes, son déplacement transversal. C’est un flux difficilement contrôlable. À cela, se superpose en amont une culture encore verticale de l’idée beaux-arts. Ces résistances nous aident à comprendre qu’une vidéo ne se voit pas comme un film, ni un spectacle, elle sollicite un autre regard, d’autres dispositions du spectateur (parfois aussi des dispositifs interactifs). La photographie a rencontré la même méfiance esthétique, et marchande avant de devenir incontournable, elle fut aussi un lieu de contradiction dans ses propositions. Subtile dialectique entre l’artiste qui propose et le spectateur qui reçoit...
« On décrit souvent la rupture esthétique moderne comme le passage du régime de la représentation à un régime de la présence ou de la présentation. Cette vision a donné lieu à deux grandes visions de la modernité artistique : il y a le modèle heureux de l’autonomie de l’art où l’idée artistique se traduit en formes matérielles, en court-circuitant la médiation de l’image ; et il y a le modèle tragique du « sublime » ou la présence sensible manifeste, à l’inverse, l’absence de tout rapport commensurable entre idée et matérialité sensible. Or nos exemples permettent de concevoir une troisième manière de penser la rupture esthétique : celle-ci n’est pas la suppression de l’image dans la présence directe, mais son émancipation par rapport à la logique unificatrice de l’action ; elle n’est pas la rupture du rapport de l’intelligible au sensible mais un nouveau statut de la figure ».(2)
P. Renaud
(1 et 2) Le spectateur émancipé. J. Rancière

Œuvres et artistes présentés
Atelier Combes&Renaud
Oraison Siegfried Bréger, 2010, 4 min
One tree / I am a tree Sylvain Flanagan, 2009, 8 min
Forlorn Lynn Loo, 2004, 4 min
Sans titre Laurence Skivée, 2010, 1min
Manipuler son corps Laetitia Bourget, 5 min
Camera dei sogni Jérôme Schlomoff, 2001, 5 min
Am i blue Ollivier Moreels, 2009/2010, 3 min

Unifinished Symphony Lynn Loo, 2010, 12 min
Meditations on black Mirza - Butler, 2008, 15 min
Claire Obsccure Mademoiselle L., 2009, 5 min
Sans soleil Olga Mink & Scanner, 2008, 7 min
Bright Sylvain Flanagan & D.Delzotto, 2008, 5 min
La bagarre Laetitia Bourget, 2003, 10 min
Horizontalité Meriol Lehmann, 2010, 10 min
Hémisphère Sud Ollivier Moreels, 2008, 5 min
Nonessential recall Rousbeh Rashidi, 2010, 17 min
Laisser derrière soi Arnold Pasquier, 1990, 3 min
Préludes Maria Kourkouta , 2008/2010, 10 min
Polvere Andrea Vincenzi, 2006, 22 min
La Bibliothèque Canergie J.Schlomoff, 2007,5 min
Dead SEEquences Fabio Scacchioli, 2009, 5 min
Interstices - Solution de continuité Combes&Renaud, 2010, 15 min
Plastique Raymond Christophe Lucien, 2006, 4 min

Passing Fabienne Gautier, 2007, 10 min
From a land of ashes and mist Fabio Scacchioli, 2010, 23 min
Time War Jenneke van Bakel, 2009, 2 min
Creativ Process pt.II Erika Lindsay, 2009, 3 min
Acceleration Laurence Skivée, 2010, 5 min
La vague et le rocher Christophe lucien, 2007, 3 min
Dora vide son sac Virginie Foloppe, 5 min
Moza de Animas Oriol Sanchez, 2009, 14 min
Amsterdam Reconstruction Jérôme Schlomoff, 20 min
La plage Siegfried Bréger, 2002, 3 min
The room of Franz Kafka Frederic l’Epée, 2010, 4 min
Harmony with you Rouzbeh Rashidi, 2008, 25 min
L’éveil Laetitia Bourget, 2008, 10 min

"2010 La vidéothèque s'expose, 
un regard sur la création vidéo"
19 au 21 novembre 
lieu: Atelier Combes&Renaud
cinéma expérimental & réflexion autour de l'image. 
Association loi 1901

Partenaire: Samy da Silva 
e.space generic galerie arts visuels contemporains 

mercredi 24 novembre 2010

Week end projections La Vidéothèque

La Vidéothèque, cinéma expérimental & réflexion autour de l'image, curated by Chloé Dragna.

“La condition sine qua non pour qu'il y ait image est l'altérité”. Serge Daney

"La Vidéothèque est une association loi 1901 dont le but est de soutenir la création vidéo et amener à une réflexion sur l'image. Née en avril 2009, elle se développe grâce à une vidéothèque en ligne diffusée sur les réseau sociaux, en s'appliquant à suivre et à montrer le travail d'artistes vidéastes. Dans la continuité de son travail éditorial, la  Vidéothèque organise aussi des projections cinématographiques".


Archive du week-end projections, 19 au 21 novembre.
"2010 la Vidéothèque s'expose, un regard sur la création vidéo"

ProgrammeLa Vidéothèque
cinéma expérimental & réflexion autour de l'image.
Association loi 1901

Partenaire: Samy da Silva
galerie arts visuels contemporains 


 
Projection de la vidéo  
"Interstices - solution de continuité"  
Programmation #1vidéos de la Vidéothèque 
du 19 au 21 novembre.

Synopsis:
"The story is built around two sites. A hotel room, and the stage of a theatre, where, through visual transpositions in the two places, time set in images produces impressions, interstices in films that accompany the thoughts of a playwright and a narrative".
  
Thanks to Pierre Oudart, who wrote the texts, extracts Diégèse 2006, and to Strom Varx who made the sound track.
 Interstices - Solution de continuité ©Combes&Renaud

 

jeudi 4 novembre 2010

Publication magazine Civic Friche

Journal of Emergent Urbanity  
The Civic Friche zine, is a compilation of impressions and perspectives produced in parallel to the course research in France and Belgium. 
Artistes invités Marie Combes & Patrick Renaud

 





vendredi 29 octobre 2010

Vidéo - Cinéma

« La vidéo s’est développée à partir du son (de l’électro- magnétisme), l’étroit rapport qu’elle entretient avec le cinéma est trompeur, car le film est son ancêtre, le processus photographique, appartient à une branche tout à fait différente de son arbre généalogique (la mécanique et la chimie). 
La caméra vidéo, en tant qu’elle traduit électroniquement l’image physique en impulsions électriques, est originellement plus proche du microphone que de la caméra de cinéma »

B. Viola « The sound of one scanning »  
Cité par Sophie-Isabelle Dufour. (L’image vidéo. D’Ovide à Bill Viola)

dimanche 24 octobre 2010

" 2010 La Vidéothèque s'expose, un regard sur la création vidéo "

La Vidéothèque vous invite à découvrir le travail d'artistes vidéastes, week-end projections du 19 au 21 novembre 2010
vernissage vendredi 19 novembre 2010 
à partir de 18 h 



Entrée libre
Atelier Combes&Renaud
+33 (0) 148 701 684
15, rue Jules Ferry,
Bagnolet, 93170

Métro ligne 9
Station Robespierre
ou Porte de Montreuil
Bus 318
Station Etienne Marcel

Merci de confirmer votre venue,
en retour nous vous adresserons le code d'entrée.

Plus d'informations :
+33 (0) 685 582 524
lavideotheque@live.fr

La Vidéothèque
cinéma expérimental & réflexions autour de l'image
Association Loi 1901

mardi 14 septembre 2010

Cet être splendide


L’image, à première vue, ne ressemble pas au cadavre, mais il se pourrait que l’étrangeté cadavérique fût aussi celle de l’image.
(…) Qu’on le regarde encore, cet être splendide d’où la beauté rayonne : il est, je le vois, parfaitement semblable à lui-même ; il se ressemble. Le cadavre est sa propre image. Il n’a plus avec ce monde où il apparaît encore que les relations d’une image, possibilité obscure, ombre en tout temps présente derrière la forme vivante et qui maintenant, loin de se séparer de cette forme, la transforme toute entière en ombre. Le cadavre est le reflet se rendant maître de la vie reflétée, l’absorbant, s’identifiant substantiellement à elle en la faisant passer de sa valeur d’usage et de vérité à quelque chose d’incroyable – inusuel et neutre. Et si le cadavre est si ressemblant, c’est qu’il est, à un  certain moment, la ressemblance par excellence, tout à fait ressemblance, et il n’est rien de plus. Il est le semblable, semblable à un degré absolu, bouleversant et merveilleux. Mais à quoi ressemble-t-il ? A rien.

« L’espace littéraire » M. Blanchot. Ed. Gallimard. 1955.

lundi 30 août 2010

Nitescence

Le reflet ne paraît-il pas toujours plus spirituel que l'objet reflété ? N'est-il pas de cet objet l'expression idéale, la présence libérée de l'existence, la forme sans matière ?
M. Blanchot
 

dimanche 8 août 2010

Fragment indéterminé, fragment indéfini

 (…) L’intervalle ne se définit pas seulement par la spécialisation de ces deux faces-limites, perceptive et active. Il y a l’entre-deux. L’affection, c’est ce qui occupe l’intervalle, ce qui l’occupe sans le remplir ni le combler. Elle surgit dans le centre d’indétermination, c’est-à-dire dans le sujet, entre une perception troublante à certains égards et une action hésitante. Elle est donc coïncidence du sujet et de l’objet, ou la façon dont le sujet se perçoit lui-même, ou plutôt s'éprouve et se ressent "du dedans".
L'image mouvement. Gilles Deleuze

L’objet, de ce travail en diptyque sur les lieux, est une relation entretenue avec l’intervalle, bande noire qui divise deux photographies sur un film, et qui parfois suture des fragments d’espace et de temps dans la succession des images. L’enchaînement de deux images avec l’intervalle noir est un espace visuel de reconstruction entre l'intériorité et l'extériorité. 
Ce concept de réappropriation architecturale est là pour poser une alternative face aux logiques et aux processus de dépossession. J'ai toujours rêvé de maisons, de ruines, de déplacements dans des architectures complexes, de lieux cachés et de leurs mises en abîme. En rapport avec l'expérience du morcellement, il est aussi une reconquête, son montage intime et fictionnel.
Pourquoi suis-je plus touchée par les traces, les fragments, par tout ce qui est indéterminé, indéfini ? Mes perceptions à la découverte des vestiges sont sensibles aux dépouillements que les atteintes du temps donnent à ces lieux. Ces architectures témoins d'un mythe urbain créent autre chose, une présence infinie du temps.
Il y a dans cette confrontation aux émotions collision avec l'intériorité. Ce processus de déconstruction reconstruction opère une métamorphose complice, dans laquelle je retrouve la vie, sans savoir ni pourquoi ni comment ? Peut-être le sentiment d'une persévérance pour exister.


fragment indéterminé, fragment indéfini , 43°17'1.36"N  | 5°18'34.60"E , Marie Combes 2010

dimanche 1 août 2010

intervalles...

" End "film du cinéaste arménien Artavazd Pelechian, noir et blanc, 8'13, 1991 
 

vendredi 23 juillet 2010

Manœuvre

Réalisation d'une vidéo sur les traces d'une ancienne usine sucrière, et la transformation des territoires, dans le cadre de Civic Friche.

Synopsis
L'usine abandonnée comme une dépouille retourne au silence
des champs. Elle n'a jamais été arrogante, juste dressée comme ça, pour le travail.

Titre : Manœuvre


Repérages photographiques

mardi 20 juillet 2010

Résonance...

"Mais l'intervalle ne se définit pas seulement par la spécialisation de ces deux faces-limites, perceptive et active. Il y a l'entre-deux. L'affection, c'est ce qui occupe l'intervalle, ce qui l'occupe sans le remplir ni le combler. Elle surgit dans le centre d'indétermination, c'est à dire dans le sujet, entre une perception troublante à certains égards et une action hésitante. Elle est donc coïncidence du sujet et de l'objet, ou la façon dont le sujet se perçoit lui-même, ou plutôt s'éprouve et se ressent " du dedans "."
Gilles Deleuze
L'image mouvement

lundi 28 juin 2010

perception de l'espace...

La perception de l'espace est une organisation intime de l'image, reconstruite avec l'intervalle.

« Fragment indéterminé, fragment indéfini » s’est élaboré dans le contexte d’une résidence artistique. Invitation à réaliser une série photographique sur les friches institutionnelles en France et Belgique, pour le séminaire de recherche Civic Friche, de l'Université du Michigan Taubman College of Architecture + Urban Planning.


fragment indéterminé, fragment indéfini  50°25'1.09"N | 3°54'5.26"E, Marie Combes 2010

samedi 26 juin 2010

friche

 45°27'3 N | 4°23'15 E

fragment indéterminé, fragment indéfini 45°27'3.11'' N | 4°23'15.85''E, Marie Combes 2010

mardi 15 juin 2010

fragment indéfini...

47°16'32N|2°12'11W




fragment indéterminé, fragment indéfini 47°16'32''N | 2°12'11''W, Marie Combes 2010




jeudi 13 mai 2010

Instant...

"On dirait alors que ce que l'on appelle image est, un instant, l'effet produit par le langage dans son brusque assourdissement. Savoir cela, ce serait savoir que, dans la critique esthétique comme dans la psychanalyse, l'image est arrêt sur le langage, l'instant d'abîme du mot."
Pierre Fédida
"Le souffle indistinct de l'image" 1993

jeudi 15 avril 2010

Séquences, répétitions...


et l'article des Cahiers du Cinéma : " Journal. Énergie renouvelable : Comment les internautes samplent Pulp Fiction ..., ou le Tempo des détails."

vendredi 9 avril 2010

Séquence

La durée cristal
La séquence est dans la photographie la distorsion à la fois la plus naturelle et la plus étrange infligée à son essence supposée.


Eadweard Muybridge. Chronophotographie


L’interruption, l’instant

(....) Non plus la photo dans sa facticité, sa matérialité, son unicité. Mais bien la photo comme limite absolue; corps intérieur du film qu’elle constitue et reconstitue, par différence, virtuellement. Ainsi se profile à nouveau la photo comme impossible photogramme, d’une autre façon que dans l’apologue de Rossellini. Ces temps d’arrêt (qui donnent pourtant l’impression d’être soudés entre eux) désignent un point de fuite : il naît de la divisibilité propre de l’espace, dès qu’on attente à la continuité et à l’illusion de son mouvement “naturel”. Cette divisibilité va même au-delà du photogramme, en un sens, puisqu’elle suppose un espace “entre” les photogrammes, bien que ce soit dans le photogramme qu’elle trouve sa limite matérielle, si on sort du film et du temps de projection. quand on s’y tient, c’est une sorte de photogramme mental, virtuel, qui se trouve alors projeté, une image d’image laissée au soin du spectateur, quoiqu’à chaque moment programmée par le film.

“L’entre-images”, Raymond Bellour. Ed. de la Différence.


Duane Michals

dimanche 28 mars 2010

Conversations, Jean Luc Godard et André S. Labarthe.

Extrait du coffret dvd 
" Morceaux de conversations avec Jean-Luc Godard"
filmés par Alain Fleischer, Editions Montparnasse, 2007

dimanche 21 mars 2010

" Voir/Parler "

Extrait de la conférence
" Qu’est-ce que l’acte de création ?
" Gilles Deleuze

"Cadavre"
" Ou bien je parlerai de, autre exemple, idée proprement cinématographique, de la fameuse dissociation Voir/Parler dans un cinéma relativement récent. Que se soit, alors là aussi, je prends les cas les plus connus, que se soit Syberberg, que se soit les Straub, que se soit Marguerite Duras, qu’est-ce qu’il y a de commun ? Voyez, en quoi c’est proprement cinématographique, ça c’est une idée cinématographique. Faire une disjonction du visuel et du sonore, c’est heu… pourquoi ca ne peut pas se faire au théâtre, pourquoi ? Ca peut se faire, mais appliqué alors là si cela se fait au théâtre, sauf exception, à moins que le théâtre ait les moyens de le faire, on pourra dire que le théâtre l’a appliqué du cinéma. Ce qui n’est pas mal, forcement. Mais c’est une idée tellement cinématographique d’assurer la disjonction du voir et du (sonore) et du parler. Du visuel et du sonore. Ca c’est … ça répondrait à l’idée : qu’est-ce que, par exemple, avoir une idée cinématographique ? Et tout le monde sait en quoi ça consiste, je le dis à ma manière pour, une voix parle de quelque chose, en même temps, donc, on parle de quelque chose, en même temps on nous fait voir autre chose, et enfin, ce dont on nous parle est sous ce qu’on nous fait voir. C’est très important ça, ce troisième point. Vous sentez bien que c’est là que le théâtre ne pourrait pas suivre. Le théâtre pourrait assumer les deux premières propositions. On nous parle de quelque chose et on nous fait voir autre chose. Mais que ce dont on nous parle en même temps se mette sous ce qu’on nous fait voir - et c’est nécessaire, sinon les deux premières opérations, elles n’auraient aucun sens , elles n’auraient guère d’intérêt - si vous préférez, on peut dire, alors en termes plus…, la parole s’élève dans l’air, la parole s’élève dans l’air en même temps que la terre qu’on voit, elle s’enfonce de plus en plus, ou plutôt en même temps que ce dont cette parole qui s’élève dans l’air nous parlait, cela dont elle nous parlait s’enfonce sous la terre.
Qu’est-ce que c’est que ça ? Si il n’y a que le cinéma qui puisse faire ça. Je ne dis pas qu’il doive le faire, hein, qu’il l’ait fait deux ou trois fois, je peux dire simplement, c’étaient de grands cinéastes qui ont eu cette idée. Il ne s’agit pas de dire c’est cela qu’il faut faire ou pas faire, hein. Il faut avoir des idées, quelles qu’ elles soient . Ah !, ça c’est une idée cinématographique, je dis que c’est prodigieux, parce que ça assure au niveau du cinéma une véritable transformation des éléments. Un cycle des grands éléments qui fait que, du coup, le cinéma fait un grand écho avec, je ne sais pas, avec une physique qualitative des éléments. Ca fait une espèce de transformation, l’air, la terre et l’eau le feu, parce qu’il faudrait ajouter, j’ai, on n’a pas le temps, évidemment, on découvrirait le rôle des deux autres éléments, une grande circulation des éléments dans le cinéma. Une grande circulation des éléments dans le cinéma. Dans tout ce que je dis, en plus, ça ne supprime pas une histoire, hein, l’histoire est toujours là, mais ce qui nous intéresse, c’est pourquoi l’histoire est-elle tellement intéressante ? Sinon pourquoi il y a tout ça derrière et avec. C’est tout à fait ce cycle, tel que je viens de le définir si rapidement, la voix s’élève en même temps que ce dont parle la voix s’enfonce sous la terre, vous avez reconnu la plupart des films de Straub, et c’est le grand cycle des éléments chez les Straub. Ce qu’on voit, c’est uniquement la terre déserte, mais cette terre déserte, elle est comme lourde de ce qu’il y a en dessous, et vous me direz “ mais ce qu’il y a en dessous, qu’est-ce qu’on en sait ?“ Ben, c’est justement ce dont la voix nous parle. et c’est comme si la terre, là, se gondolait de ce que la voix nous dit, et qui vient prendre place sous la terre, à son heure et en son lieu. Et si la terre et si la voix nous parle de cadavres, c’est toute la lignée des cadavres qui vient prendre place sous la terre, si bien qu’à ce moment là, le moindre frémissement de vent sur la terre déserte, sur l’espace vide que vous avez sous les yeux, le moindre creux dans cette terre, tout cela prend sens."

Conférence de Gilles Deleuze donnée dans le cadre des mardis de la fondation Femis - 17/05/1987

lundi 8 février 2010

“Personnes”


“Les commentateurs de l'oeuvre de Christian Boltanski "Personnes" au Grand Palais, évoquent la mort, évoquent les grandes catastrophes humaines et bien sûr et surtout l'holocauste.
Seul dans les travées, hypnotisé par les battements de coeur, par les battements de tous les coeurs, hypnotisé entièrement, je vois les vêtements au sol. Ce sont des vêtements pauvres. Ce sont des vêtements de pauvres qui reviendront aux pauvres. Et je les imagine dans le magasin, neufs. Je les imagine juste achetés, avec l'étiquette, encore et pour certains quelques épingles. Je les imagine une première fois portés. J'ai envie de pleurer. Ils sont la trace de tant de désirs, de désirs pauvres, de désirs de pauvres. Ainsi, je ne vois pas la mort dans l'exposition de Christian Boltanski mais la trace de tant de désirs que, dans le coeur de l'émotion, les battements de coeur deviennent soudain graves et joyeux”.(1)

Je me suis permis de citer le texte de P. Oudart sur cette exposition car il traduit mieux que je ne saurai le faire les sentiments reçus lors de cette visite. L’organisation, la division du sol en travées. Autour, partout des vêtements. Pauvres protections des corps, désirs de coquetterie de séduction. Tailles adultes et enfants confondues sous la lumière plate des néons. Manteaux et brassières. Ce qu’il reste de ce qui fut porté, de ce qui a enveloppé des corps. Et puis le son des battements de coeurs, chaque battement différent mais qui offre le bruissement d’une grande vague humaine. En situant notre humanité au plus bas, Boltanski donne une immense énergie à notre condition même si plus loin une grue vient happer et laisser retomber en tas ces dépouilles. Porosité contemporaine de l’art à l’événementiel.
Comment voir ? Comment regarder ? C’est toujours un problème de cadrage, pas formel mais moral. C’est la réponse de G. Didi Huberman à la lettre de P.P. Pasolini sur la disparition des lucioles. “ Les lucioles n’ont disparues qu’à la vue de ceux qui ne sont plus à la bonne place pour les voir émettre leurs signaux lumineux. On tente de suivre la leçon de Walter Benjamin, pour qui le déclin n’est pas une disparition. Il faut “organiser le pessimisme”, disait Benjamin. Et les images - pour peu qu’elles soient rigoureusement pensées, pensées par exemple comme images-lucioles - ouvrent l’espace pour une telle résistance.” (2) De biens fragiles lumières certes, mais une exposition qui évoque le désir, la vie, son obstination, son courage.

(2) Survivance des lucioles. G. Didi Huberman. Ed de minuit

mercredi 13 janvier 2010