Les bords du paysage: itinérances et sédiments
exposition du 9.11.2016 au 11.12.2016
PHOTOGRAPHIES
Itinérances métropolitaines / MARIE COMBES
Ce travail d’images est l’exploration d’un
territoire nommé indistinctement « la banlieue », territoire flouté
pour le rendre anonyme, hachuré par les infrastructures de production, mité par
des interstices délaissés.
Ce
travail photographique est ainsi un voyage, il ausculte ces paysages urbains au
gré de déplacements en train. Le monde qui défile dans le cadre de cette
fenêtre exerce sur moi une fascination. J’ai commencé ce travail en
hiver ; émerge une étrange beauté dans cette approche, l’éloge en
grisaille de la lumière en île de France. Le spectacle que donne le paysage est
aussi lié aux vibrations et aux bruits ressentis par le corps en mouvement. Le
regard rivé, je tente alors dans ce déplacement de saisir des fragments de la
ville et du territoire.
Une expérience immersive dans un paysage en mouvement
Le
paysage a trois dimensions, l’une est l’espace réel, l’autre l’espace perçu
dans ce temps du voyage, la troisième est le déplacement même du train. Un
horizon travaille ces photographies, sous une certaine lumière la chose qui
trouble va-t-elle ressembler à quelque chose, faire éprouver cette expérience
immersive ?
Parcours
intime dans le réel, le déroulement du paysage observé pendant les
déplacements, familier des franciliens, montre dans l’extension de l’urbanisme
la mosaïque des constructions, la diversité et la singularité architecturale de
l’habitat, la beauté troublante des bâtiments en friche, des espaces déserts,
la fragilité de l’environnement.
Chacun garde en soi le souvenir d’un point de vue
inoubliable, je pense ici à des paysages plus petits, plus fugitifs,
alternative temporelle à la représentation de la banlieue, confrontation
sensible à la lumière et au paysage, à l’urbanisme, à l’espace et au temps. Dans le désir de regarder le
paysage, il y a la rencontre de soi et des autres. Cette physionomie du paysage
urbain souligne ainsi la précarité et l’éphémère de l’homme. Dans la quête des
multiples formes la vision vacille sans interruption, ces captures visuelles
seraient l’image d’un monde nomade en perpétuelle mobilité.
Marie Combes
Itinérances métropolitaines ©Marie Combes, tirage format 30x40cm |
Sédiments /
PATRICK RENAUD
Photographies
2014
« Cet espace, qui
n’apporte par lui-même ni rien de sensible ni aucune séduction, est le lieu
nécessaire pour que s’y manifestent les forces des formes. Celles-ci nous le
font éprouver mais d’abord elles lui appartiennent »
J.C. Lemagny. « Silence de la photographie ». Ed. L'Harmattan
Très
rapidement, la photographie s’est imposée comme le médium le plus adapté à la
représentation du réel et de l’objectivité. Certaines théories prétendent
qu’elle a libéré la peinture. Assignée un temps à représenter, cette dernière
pu aller vers l’abstraction ou d’autres inventions visuelles. Je suis sceptique
sur cet enchaînement chronologique. Mon sentiment est que les choses se passent
« entre », dans des écarts, entre des éléments pleins, matures, et
d’autres éléments vides ou encore peu développés. Ces espaces souvent
m’échappent, je ne les vois pas nécessairement mais ils permettent d’éprouver d’autres
formes. La photographie s’est ainsi glissée entre la peinture et la
lithographie, elle a cherché dans le Pictorialisme un geste, dans les clichés
sur verre des liens entre gravure et procédé photographique. Parfois en
imitant, elle a su développer ses spécificités et ses formes pour inventer sa
place.
Avec
« sédiments » j’ai repris des négatifs de petites installations
réalisées en studio dans les années 90. Empilés les uns sur les autres avec
plus ou moins de transparence, en négatif ou positif, à l’endroit ou à l’envers
ils semblent proposer dans cet assemblage une image de paysage. Pourtant rien
dans chaque négatif n’a de lien par ses formes et ses matières avec du paysage.
Dans
ce feuilletage disparaît « l’instant décisif » si fondateur dans
l’histoire de la photographie. Disparaît aussi la perspective classique bien
qu’il y ait du « loin » et du « près ». Il ne reste juste
qu’une image composée d’images. Avoir des réponses là où il n’y avait pas de
questions.
P.R. décembre 2016
Sédiments ©Patrick Renaud, tirage format 30x40cm |
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